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I Spazii agriculi è silvipasturali di Corsica

Les Espaces Agro-Sylvo-Pastoraux de Corse



Caprins corses parcourant le maquis
Caprins corses parcourant le maquis
L’agriculture corse est fortement dépendante des caractéristiques géographiques et pédologiques de l’île. Une importante partie du territoire de la Corse en piedmont et en montagne est donc très peu exploitée par l’agriculture en raison d’une altitude trop élevée et/ou d’une pente ou d’une pierrosité trop forte.
Dans sa grande majorité, le territoire régional présente une pente supérieure à 15% et des sols peu profonds. De ce fait, il est très largement composé de milieux naturels ou peu artificialisés beaucoup plus propices à l’élevage qu’aux grandes cultures. Ce sont en effet ces différents espaces qui sont utilisés par un élevage de type extensif le plus souvent, que ce soit ovin, caprin, bovin et porcin.
 
Les grandes cultures, quant à elles, représentées essentiellement par la viticulture, l’arboriculture et le maraîchage, se situent préférentiellement dans les plaines alluviales et sur les coteaux, notamment dans le région de la plaine orientale.
 

LES MILIEUX NATURELS OU PEU ARTIFICIALISÉS UTILISES PAR L’ÉLEVAGE

Ils se caractérisent par leur grande diversité tant biologique que paysagère. En effet, l’insularité et la variété des conditions climatiques, de reliefs, de roches et de sols sont à l'origine de la grande diversité des écosystèmes et des espèces présents sur le territoire régional et fait de la CORSE une des régions françaises les plus riches en espèces endémiques et en biodiversité.

Berger cap-corsin (1960)
Berger cap-corsin (1960)
Cette biodiversité est fortement dépendante des activités agro-pastorales, qui permettent de maintenir ouverts des milieux dont la fermeture constitue une réelle menace pour de nombreuses espèces à forte valeur patrimoniale.
Mais l’espace rural de l’île, notamment dans les zones de piedmont et de montagne, est soumis au phénomène de déprise rurale et agricole, résultant de la rupture du système agro-sylvo-pastoral qui prévalait autrefois en Corse. Cette déprise se caractérise par un abandon ou un trop faible niveau d’entretien des surfaces et notamment celles à potentialités limitées telles les prairies naturelles et les parcours (faible productivité, pente, sensibilité à la sécheresse…) mais qui jouent néanmoins un rôle important dans l’alimentation des cheptels insulaires.
Cette déprise entraîne une dynamique incontrôlée de la végétation qui, facilitée par des conditions pédo-climatiques favorables et un système d’élevage extensif, se traduit par un embroussaillement des milieux précédemment utilisés et gérés par les activités agro-pastorales, ce qui entraîne inexorablement :
  • une perte de biodiversité,
  • une dégradation progressive des paysages traditionnels qui ont forgé l’identité culturelle de l’île (homogénéisation)
  • des risques d’incendies aux conséquences parfois catastrophiques sur les espaces naturels (forêts et maquis), qui s’intensifient avec le changement climatique.
 
En effet, véritable fléau pour la végétation méditerranéenne, les incendies brûlent chaque année en Corse plusieurs centaines voire même parfois plusieurs milliers d’hectares. C’est pourquoi, la problématique «feux de forêts et d'espaces naturels» est une des préoccupations environnementales majeures pour l’île. La répétition des grands incendies sur certains secteurs de l’île (Balagne, Cap-Corse, Cortenais, Gravona, golfe de Lava....) ont eu des conséquences néfastes voire irréversibles sur les paysages, la faune et la flore, entrainant ainsi une perte progressive de biodiversité. Ces conséquences sont notamment :

Incendie dans la région de Lava en 2015
Incendie dans la région de Lava en 2015
  • l’homogénéisation des paysages,
  • le développement d’espèces invasives ou opportunistes au détriment des espèces herbacées et ligneuses locales suite à l'ouverture du milieu par le feu (asphodèles, faux cotonnier, férule, ....)
  • l’érosion et le lessivage des sols,
  • la modification de certains biotopes (haies, bosquets; etc...) qui constituent des refuges pour la faune,
  • la dévégétalisation des zones les plus fragiles (les crêtes, les terrains très pentus...),
    • la destruction inéluctable des espèces animales présentes au moment des grands incendies (tortues, lapins, perdreaux, jeunes sangliers....) dont certaines sont déjà très menacées de disparition comme la tortue d'Hermann,
  • l’émission de dioxyde de carbone.
De toute évidence les incendies ont donc un impact négatif sérieux sur l’environnement et dans une moindre mesure sur le changement climatique. Si l’on veut préserver l’environnement en Corse, la prévention de ce phénomène est, et doit continuer à être une priorité. Il faut néanmoins souligner que grâce aux actions menées dans le domaine de l’élevage depuis plusieurs années (voir § ci-dessous), les incendies d’origine pastorale ont très largement régressé en Corse depuis la fin des années 90, faisant par voie de conséquence, régresser de façon très significative les surfaces brûlées.

Prairie pâturée par des ovins
Prairie pâturée par des ovins
Trois grands types de couverts végétaux sont largement utilisés et exploités par les activités pastorales :
  • les prairies : nécessaires à l’alimentation du bétail, elles sont un élément essentiel du paysage et jouent un rôle fondamental en termes de qualité des eaux superficielles et souterraines.

Utilisation du maquis par des chèvres corses
Utilisation du maquis par des chèvres corses
  • les parcours ligneux : considérés comme des surfaces peu productives, ils jouent néanmoins un rôle important dans les systèmes pastoraux extensifs pour l’alimentation des cheptels lors de périodes cruciales comme l’hiver et l’été quand l’offre fourragère herbacée est largement minoritaire.

Prairie sous suberaie pâturée par des bovins
Prairie sous suberaie pâturée par des bovins
  • les prébois et bois: ce sont des milieux comportant une strate arborée plus ou moins lâche, avec présence d’une strate herbacée et/ou d’une strate arbustive, du type yeuseraies, suberaies, pinèdes,… ou bien des vergers abandonnés de châtaigniers, oliviers……La plupart de ces formations végétales sont protégées par la Directive Habitats 92/43 CEE

LES PRINCIPALES ACTIONS DE L’O.E.C. POUR LA PRÉSERVATION DE CES ESPACES

Orchidées sauvages dans une prairie natuelle
Orchidées sauvages dans une prairie natuelle
Le Département « Valorisation et protection des espaces agro-sylvo-pastoraux » a en charge de répondre aux différentes problématiques concernant ces espaces et développées ci-dessus. Pour ce faire, les 7 pastoralistes de l’OEC, répartis sur l’ensemble du territoire régional, assurent notamment les missions suivantes :
  • un accompagnement technique et administratif auprès des éleveurs. Leurs interventions techniques peuvent concerner des domaines très divers tels que le matériel végétal à utiliser, la fertilisation, l’irrigation, la conduite des parcelles par le pâturage….. Un appui administratif est apporté en particulier sur les dossiers de déclaration des surfaces PAC et de primes animales.
  • la réalisation des diagnostics d’exploitation pour la mise en œuvre des MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques), préalable obligatoire à la souscription de tout contrat MAEC de 5 ans, et ce dans le cadre de la mesure 10 du PDRC 2014-2020 (lien)

Utilisation du semoir direct
Utilisation du semoir direct
  • la vulgarisation de la technique du semis direct grâce aux 2 semoirs directs que l’OEC possède et qui sont mis gracieusement à disposition des éleveurs demandeurs. L’intérêt de cette technique culturale simplifiée réside essentiellement dans la préservation des sols et donc la diminution du risque d’érosion, dans la diminution du temps de travail, dans la réduction du carburant…
  •  la mise en place et le suivi « d’essais fourragers» destinés à tester notamment:
    •  du matériel végétal toujours plus adapté aux conditions pédo-climatiques de l’île
    •  des techniques culturales adaptées (sursemis, semis direct….)
    •  une fertilisation organique (type compost)
    •  les possibilités d’éradication d’espèces envahissantes des prairies (Stipa neesiana….)
  •  la connaissance des incendies avec le relevé annuel des feux sur la période estivale à l’échelle de la région Corse

Depuis peu (2016), le service s’attache à développer l’agro-foresterie dans l’île qui accuse un retard certain dans ce domaine. L’agroforesterie désigne les pratiques associant arbres, cultures et/ou animaux sur une même parcelle agricole, en bordure ou en plein champ. La Corse avec ses pâturages sous chênes, oliviers ou châtaigniers pratique depuis longtemps une forme de sylvo-pastoralisme même si les arbres sont rarement conduits de manière à exprimer toutes leurs potentialités.
L’agroforesterie a notamment pour vocation de :
  • Améliorer la production des parcelles en optimisant les ressources du milieu
  • Diversifier la production des parcelles
  • Restaurer la fertilité du sol
  • Garantir la qualité et quantité de l’eau
  • Améliorer les niveaux de biodiversité et reconstituer une trame écologique
  • Stocker du carbone pour lutter contre le changement climatique

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