En Méditerranée, le Grand Dauphin Tursiops truncatus était considéré comme commun au début du siècle. Il s’est particulièrement raréfié à partir des années 50, en France comme dans les autres pays du bassin nord occidental.
Ses relations avec les pêcheurs professionnels, sont depuis longtemps conflictuelles. En 1894, dans "La Provence des Pêcheurs", Gourret écrivait à propos des dauphins Delphinus delphis et Tursiops truncatus qu'ils "engloutissent les poissons emmaillés et mettent ensuite les filets en pièces, causant ainsi des dégâts souvent très importants (...) La présence de ces animaux constitue donc un véritable fléau". Son statut d’espèce nuisible jouait alors en sa défaveur! Depuis le début des années 1990, les observations de groupes de Grand Dauphin, parfois accompagnés de jeunes, augmentent sensiblement. L’espèce a été classée en espèce protégée et même si elle ne bénéficie pas d’une attention démesurée de la part des pêcheurs, elle n’est plus effarouchée comme auparavant.
Cependant, cette espèce, douée d’une formidable adaptation aux techniques actuelles de la pêche professionnelle est toujours accusée de détruire les filets en y chapardant les poissons capturés.
Des tentatives d’effarouchement acoustique (pingers), financées par l’Office de l’Environnement de la Corse (service mer) et destinées à limiter les interactions pêche–dauphins ont permis de mesurer l’ampleur du phénomène autour de la Corse en quantifiant ces interactions et tentant de comprendre la réaction des grands dauphins en présence des balises acoustiques. Il semble que les pingers actuellement disponibles sur le marché et efficaces vis-à-vis des marsouins de mer du nord soient peu adaptés aux problèmes rencontrés en Méditerranée avec les grands tursiops.
L’écologie et la biologie de cet animal de 2,5 m à 3,5 m dont la durée est estimée à quarante ans est décrite sur le site du Life LINDA. Le projet LINDA, engagé dans le cadre d’un programme européen LIFE Nature, vise à maintenir les populations de Grands dauphins en Corse, dans un état de conservation favorable, en garantissant une cohabitation harmonieuse entre les activités économiques et l'espèce. Il s’agit en particulier d'associer les principaux acteurs de la gestion de l'environnement, les représentants socio-économiques, les populations locales, et les touristes plaisanciers pour promouvoir une pratiques durable des activités de pêche, de nautisme et de whale-watching. Dans le cadre de ce programme, l’Office de l’Environnement de la Corse est chargé de la mise en œuvre des actions visant à étudier et tenter de réduire les conflits entre les grands dauphins et les pêcheurs professionnels dans les périmètres de ce projet (Scandola-Porto, Agriates et Bonifacio). Sur le terrain, une première analyse est actuellement réalisée en collaboration avec les pêcheurs professionnels afin de comparer les rendements et la perte imputable aux grands dauphins sur les différents types de filets.
La Région Corse est également partie prenante de la gestion de Pelagos :
L’incitation à créer un sanctuaire dans le bassin Corso-Liguro-Provençal provient de la constatation dans les années 1980 qu’un peuplement relativement important et diversifié de mammifères marins (8 espèces principales) est présent dans cette zone, attiré par une productivité primaire élevée. En outre, cette même zone souffre d’une pression élevée d’activités humaines créant de sérieux problèmes environnementaux sur la population de mammifères marins. Ces impacts sont dus, entre autres, à certaines techniques de pêche, à la pollution, à l’urbanisation, aux collisions avec les navires et aux activités d’observation des cétacés. A ces perturbations d’origine humaine s’ajoutent des perturbations naturelles comme celles dues aux fluctuations climatiques. La démarche de création de cette aire marine a été initiée par des organisations non gouvernementales italiennes. Elle s’est matérialisée au niveau international avec la conscience que la protection des mammifères marins ne peut se faire que par une gestion intégrée des ressources de ladite zone.
La position géostratégique de la Corse au cœur du sanctuaire pour les mammifères marins en Méditerranée a conduit l’O.E.C. à intégrer le processus de mise en place de cette aire marine protégée dès 1999, date de l’adoption de l’Accord international constitutif. Depuis, l’implication de notre établissement public n’a cessé de monter en puissance. L’Office de l’Environnement représente aujourd’hui officiellement la Région Corse au sein du Comité de Pilotage et du Comité National, entités politique et technique en charge de la gestion de Pelagos pour la partie française.
A ce titre, l’O.E.C. a organisé et accueilli, le 10 juin 2005 à Ajaccio, dans les locaux du Comité Régional des Pêches et des Elevages Marins de Corse, la première réunion du Comité National du Sanctuaire, chargé d’émettre les propositions de gestion de cette aire marine internationale.
L’O.E.C. souhaite pérenniser son action au de Pelagos, afin de garantir la prise en compte des intérêts de notre région, notamment quant à l’application locale du plan de gestion. Cette participation implique un investissement technique régulier dans les travaux conduits par l’ensemble des partenaires réunis en groupes de travail : « Recherche », « Activités humaines » et « Sensibilisation », animés et coordonnés par le Parc National de Port-Cros. L’objectif est double : apporter les connaissances liées au contexte et aux problématiques insulaires et participer à la définition des mesures de gestion adéquates de cet espace, conformément aux dispositions prévues par l’Accord.
Un des axes d’intervention prioritaire demeure bien évidemment la poursuite de la réflexion sur le problème d’interaction entre les populations de grands dauphins et les pêcheurs corses.